dimanche 12 avril 2015

LE BOUQUET DE FLEURS


C’est son anniversaire ! Je me rends « Au Bouquet Fleuri ». J’y retrouve Marianne, fleuriste de son état, mais pas vendeuse de fleurs, car sa spécialité, c’est créer des compositions. Première étape, saisir le catalogue et choisir le modèle. Voilà, j’ai trouvé. Elle se dirige alors vers l’arrière-boutique où il fait frais.
Quelques minutes passent et la voici qui rapporte les éléments qu’ensuite elle va arranger selon un certain ordre. Elle les dépose avec soin sur le comptoir et prend un petit panier très ajouré, aux teintes paille et brune rappelant l’écorce des arbres. Elle y place la mousse synthétique où les différentes tiges seront fichées. Elle l’humidifie. Puis sur l’un des bords, elle fixe une petite grille plastifiée dont la couleur verte se fond dans le décor. Elle y adosse un superbe glaïeul d’un rouge vermillon. Il va éclairer le bouquet. De chaque côté, elle ajoute en dégradé, des lupins aux feuilles  vert amande. Leurs pétales d’un blanc nacré très légèrement rosé sur le dessus, en forme de bourse, soutiennent les petites fleurs en épi des branches de lavande, qu’elle intercale. Comme des étoiles scintillantes, leur bleu légèrement violacé brillera sur les quelques branches d’asparagus qui parachèveront le bouquet, lui donnant un aspect aérien.
Je la regarde faire avec admiration. Maintenant, Marianne, accroche une minuscule grille rectangulaire sur le côté gauche. Elle y couche quelques zinnias d’un orange tangerine, brillants de tous leurs feux. Leurs queues restent plantées dans la mousse pour qu’elles ne se fanent pas trop vite.  Puis elle saisit des feuilles larges d’un vert sombre. Avec art, elle les pique à leur tour, et les plient doucement, créant un nid.  De merveilleuses petites roses blanches s’y lovent, entourant en leur centre une magnifique « papa Meilland ». Son rouge sombre  cramoisi, symbole de l’amour fort, renvoie comme un écho au vermillon du glaïeul qui s’élance vers le ciel. Pour équilibrer et harmoniser les teintes de la composition, elle installe avec art, des feuillages de verts différents et quelques écorces brunes sur le côté droit. Elle vérifie la solidité de l’ensemble et dépose le tout sur un joli cache-pot en cuivre rouge, comme sur un piédestal, créant l’impression d’une arborescence.
Je peux partir tranquille à mon anniversaire. Le bouquet va plaire. En effet, il arrache des cris d’admiration à l’intéressé et à ses invités.

Marie-Thérèse
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Bouquets de fleurs fanées sur les tombes abandonnées !

Que de larmes versées le jour de l’enterrement. Des fleurs, des couronnes à foison, des promesses de revenir régulièrement se recueillir de ces êtres tant aimés.
Le temps a passé, les chagrins se sont atténués, les visites deviennent de plus en plus rares.
Beaucoup sont au rendez-vous du 1er Novembre, jour où les vivants viennent en pèlerinage déposer les chrysanthèmes aux têtes d’or ou des différentes couleurs de l’automne.
Un jour, une personne vient apporter un bouquet de roses, étonnée et chagrine devant l’abandon des proches. Elle promet de revenir nettoyer la tombe et de rapporter des fleurs nouvelles, peut-être artificielles. Mais le temps passe si vite, les mois et les années.
Aujourd’hui, elle revient, fidèle à sa promesse, avec un gros bouquet de fleurs pour leur dire que, malgré les ans, ils lui manquent encore, qu’ils seront présents toujours dans sa mémoire et dans son cœur, malgré les rares visites dans ce lieu si triste où les corbeaux croassent comme pour rappeler aux vivants qu’ils seront là demain.

Mireille
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Le bouquet de Séraphine de Senlis m’attire, non parce qu’il est le plus joli mais parce qu’il est l’œuvre d’une jeune fille démunie de tout dès son enfance. Fille d’un manœuvre et d’une paysanne, elle perd sa mère à l’âge de sept ans. Elle est alors recueillie par sa sœur aînée pas très riche non plus. Séraphine de vient tour à tour, bergère, employée à des tâches ménagères chez des religieuses puis domestique chez des bourgeois de Senlis. C’est alors qu’elle commence à peindre, le soir, après son travail, à la lueur d’une bougie. C’est son courage, son amour de l’art que j’admire. Le bouquet de Séraphine est de marguerites bleues, d’épis de blé, de feuillages qui semblent en mouvement, agités par le vent. La composition a un aspect plutôt tourmenté alors que le feuillage du bas s’emble soutenir le tout, s’enraciner. Plus je regarde cette œuvre plus je l’aime. Elle représente de longues heures passées par une personne dénuée de tout mais dévorée par la volonté d’arriver à créer de la beauté. Ses œuvres seront exposées alors même que l’artiste mourra dans l’oubli le plus complet et une misère physique et morale des plus atroces.

Christiane
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Paraissent infinies les plus ou moins savantes compositions florales constitutives de
bouquets. À la beauté intrinsèque de chaque fleur se surajoute une esthétique d’ensemble qui flatte la rétine.
Toutefois, le bouquet ne jouit pas à cet égard d’un monopole. Un enchantement de même nature peut émaner d’une fleur isolée, telle la rose, nonobstant ses épines.
À l’inverse, le spectaculaire peut être atteint par un effet de masse. Il en est ainsi des champs tulipes en fleur au printemps, sur les polders de Hollande où s’extasient des touristes venus du monde entier.
Eu égard au spectaculaire, la main de l’homme n’est pas un impératif et le phénomène peut être spontané, avec au surplus un contraste flagrant avec un environnement plutôt rébarbatif. Qu’on en juge : Nous sommes en plein désert rocailleux, et parfois au lendemain d’une pluie rare, se détachent des îlots flamboyants de coquelicots. La durée de vie de cette parure est courte et bientôt la grisaille généralisée reprend ses droits.
Bref, en guise d’attrait de la fleur, il paraît abusif de conférer au bouquet une primauté, voire une exclusivité.

Emmanuel
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Une maison, la dernière d’un faubourg d’une petite ville de Province. Elle est adossée à une colline recouverte d’un bois. Une partie, déboisée, est devenue le jardin de mes parents ; pour y accéder, il faut gravir une trentaine de marches. Dans ce jardin mi-sauvage, on peut rencontrer des lapins, des hérissons et parfois des vipères. Mon père y a planté beaucoup d’arbres. Avec les moyens du bord, il a construit une tonnelle sur la quelle au printemps un rosier magnifique s’épanouit.
À la fin d’un séjour, mon père est allé au jardin me chercher des fleurs. Le voici avec une brassée de fleurs, surtout des roses rouges, toutes fraîches, certaines encore en bouton.
Il n’avait pas hésité à amputer sa tonnelle de sa superbe parure flamboyante. Il voulait que j’emporte un peu de lui. J’emballe avec précaution cet énorme bouquet dans du papier journal mouillé, et le pose sur la plage arrière de la voiture. En route pour Paris ! J’installe le bouquet chez moi, demain je travaille.
Je trouve triste de laisser ces fleurs splendides seules à la maison ; je décide alors d’emporter ce bouquet au travail.
Dans la pièce qui sert de bureau et de salle de soins, je dispose les fleurs pour que nous puissions tous en profiter.
Il trône, remplit la pièce de sa présence mais aussi du parfum qui émane de ces branches fraîchement coupées et des roses. Ce bouquet, insolite sur un lieu, nous transporte ailleurs.

Josiane
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S'il s'agissait d'envoyer des fleurs, je ne saurais que choisir et comment les adresser faute de
connaître la bonne adresse de la personne intéressée. Il y a parfois des sensibilités à fleur de peau qui peuvent se sentir agressées dans leur intégrité si le langage de ces fameuses fleurs qui finissent parfois par leur arriver, des fois un peu fanées, ne correspond pas à leurs aspirations profondes... On a beau se dire que c'est l'intention qui compte... mais comment pouvoir se justifier quand la personne vit ainsi à des milliers de kilomètres ou encore dans un endroit où les fleuristes ont désertés le coin faute de pouvoir assurer leur quotidien. Ce serait alors comme rajouter de la fleur de sel dans les épinards de leur offrir une petite aide pour subsister ? Alors, prenant le téléphone pour s'assurer que la commande a bien été enregistrée, puis effectuée, il s'agit de mettre la fleur au fusil pour ne pas s'attirer des remarques acerbes pour avoir douter un seul instant du sérieux du fleuriste par correspondance le plus près du domicile de la dite personne à gâter. Certaines employées sont aussi aimables que les "coussins de belle-mère" et les fleurs de cactus qu'elles empaquettent délicatement afin de ne pas se piquer. Parfois il serait plus rapide d'arriver le fleur entre les dents pour s'assurer directement de la livraison ! Alors si vous leur parler de rajouter des fleurs de lotus ou de choux ou encore de camélia... Alors là, je crois que vous pouvez carrément vous inscrire au registre des enquiquineurs, enquiquineuses de deuxième zones et des coupeurs de cheveux en quatre ! Autant se référer au sketch de Fernand Reynaud et aller voir son oto-rhino d'urgence. Si vous vous permettez de leur chanter :"Je suis une fleur de Java", je crois que vous risquez de déchanter rapidement, car si vous êtes en contact avec une jeune fleuriste, il y a de fortes chances que celle-ci ne connaisse ni le refrain, ni les paroles de cette chanson qui a fait danser tant de nos anciens et commence ma foi à dater. Reste encore la note fleurie que vous désirez apporter à votre bouquet. Vous vous souvenez de cette fragrance de "Fleur à fleur" qui vous a tant émoustillé, alors que vous vous aspergiez de cette eau de toilette si délicate et si discrète...Vous étiez vraiment "A fleur de jeunesse" quand vous en mettiez et ce doux souvenir ne sera peut-être pas gravé d'une façon aussi précise dans l'esprit de votre interlocuteur ou interlocutrice. Alors que choisir : "Fleur de vanille ou de Lys" ? Une orchidée ou des gerberas ? Peut-être du mimosa ? Ou encore une coupe de pétunia !? Du lilas ? Un arum sans arôme fera peut-être l'affaire ?
Ah, envoyer des fleurs ! Quel labeur ! Que d'embarras !

Claudine
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Enfant, lors de promenades à travers champs et vois, courant et riant avec mes frère et sœurs, nous chahutant à qui cueillerait le plus gros ou le plus beau bouquet, je composais le mien de coucous bien jaunes, de coquelicots vermillon, de pervenches des bois bleu lavande ainsi que de grandes herbes folles qui agrémentait ce bouquet champêtre que j’offrais, fière de mon œuvre, à ma maman qui l’accueillait toujours avec un sourire et un baiser.

Mes frères et sœurs ayant fait chacun un bouquet assez semblable au mien, j’avoue, recevaient le même accueil que le mien, et le tarif payé était très attendu sur les joues rosies par les courses…
Arrivés à la maison, les fleurs étaient réunies ou non, et mises dans un ou plusieurs vases et trônaient en bonne place dans la pièce principale. Quelle tristesse le lendemain lorsque les
coquelicots fanés perdaient leurs pétales carmin ! Alors, allant chercher dans le jardin quelques tulipes ou roses selon l’époque, je remplaçais les fleurs tristes par de jolies tiges. Ainsi le bouquet avait la chance de durer plus longtemps.
Que de souvenirs me reviennent à la mémoire lorsque j’évoque le bouquet. Pourquoi celui de l’enfance me semble-t-il le plus fantastique ?  Peut-être la nostalgie de ces jours heureux et simples de promenades dominicales en famille où nous avions l’insouciance pour nous et les
tracas pour les adultes, où nous rendions nos parents souriants et heureux.
Un autre bouquet m’est resté en mémoire… celui de mon mariage. Je voulais justement un bouquet simple, ressemblant à un bouquet de fleurs des champs. Il se composait de petites roses rose, de freesias très odorants d’un ton jaune rosé et de gypsophiles très graciles, mis en forme de petite cascade… Un bouquet qui me correspondait avec son élégance dans sa simplicité. J’ai la chance de l’avoir fait sécher ; il n’a plus sa belle prestance mais je le vois tous les jours, et il me ravit toujours !

Valérie
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Livreur frappant à la porte apportant un joli bouquet de fleurs inattendu.
Étonnement et plaisir de recevoir.

Belles jonquilles au printemps refleurissent, on en fait des bouquets pour la fête des Mères.
Odeurs enivrantes des fiers lys blancs, des jacinthes, bleues, blanches et roses.
Unique rose rouge, gage d’Amour
Qui sont ces petites clochettes parfumées : le muguet offert et reçu au joli mois de Mai.
Emportons nos paniers en les remplissant de fleurs multicolores pour en faire de beaux     bouquets.
Toutes fleurs confondues sont le plaisir des yeux et des odorats.

Des bouquets, j’en ai reçus tout au long de ma vie. C’était une grande joie à chaque fois.
Et ce plaisir d’offrir un beau bouquet de fleurs à la personne étonnée, mais ravie.

Fleurette que nous contons à  l’objet de nos pensées.
Lions de rubans bleus et blancs des gerbes de blés, qui resteront accrochées dans les logis tout au long de l’année.
Emmenons les enfants, les amis, des fleurs dans les cheveux pour danser la ronde du printemps.
Usons les allumettes pour brûler « Bonhomme d’hiver ».
Revenons à nos bouquets de fleurs en fêtant le Printemps retrouvé !

Mireille








1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bravo pour vos jolis textes sur ces bouquets merveilleux !
Valérie .....